Cours du 16 mars 2001

Le respect et l’autorité

J’ai essayé de vous montrer que notre appartenance à la vie, à l’encontre de quoi la question de la vérité est seulement possible, renvoyait à une « servilité » originelle qui est l’expérience. Impossible de séparer les notions de vie réfléchie et d’expérience, et impossible de concilier les notions de vie et de vérité. La vérité n’est pas un moment de la vie mais au contraire une impossibilité de cette vie et donc, réflexivement, un ordre de mort : le vrai se reconnaît à ce qu’il est à chaque fois une certaine impossibilité de la vie, tous les degrés étant bien entendu envisageables dans cette impossibilité (c’est ce qui explique qu’il y ait des degrés dans le génie : Chopin est un artiste mais il est inférieur à Bach, comme Bonnard l’est à Picasso). Là où le vrai apparaît la vie est barrée, et j’ai exprimé cette nécessité en disant que ce que nous respectons n’est jamais sans nous marquer, puisque le respect est le rapport que nous avons au vrai comme tel et que la réversibilité est une propriété essentielle de la marque. Corrélativement, c’est là où l’on est mort, donc au lieu de la marque répondant à la question de savoir qui l’on est (on ne pense certes pas avec tout son être), qu’on est capable de vérité : ailleurs, on est seulement capable d’expérience c’est-à-dire, finalement, de savoir.

Je le dis encore d’une autre façon, pour rejoindre la question du moment : le vrai est ce relativement à quoi l’expérience ne compte pas. En quoi j’ai donc nommé l’objet du respect : quelque chose dont la réalité est aussi importante qu’on voudra mais ne compte pas, autrement dit une chose positivement faite de sa propre impossibilité : ce qu’on respecte, il est éthiquement impossible de le comprendre c’est-à-dire d’en faire un moment du monde centré par et pour nous. (C’est ce qui fait, notons le en passant, qu’on ne comprend pas les décisions cruciales de notre vie, et qu’on n’a d’ailleurs pas à les comprendre : le peintre a-t-il besoin de savoir pourquoi il fallait mettre un bleu ici et un rouge là, autrement dit en quoi cette nécessité était bien la sienne, en première personne ?) Mais d’autre part la compréhension va de soi, du moins en principe : l’humanité est la plus compliquée des espèces vivantes, une œuvre est l’expression de son auteur, la loi est une sorte de règle, et ainsi de suite. Toutes ces choses, que notre compréhension saisit dans leur réalité, nous les respectons en tant que cette réalité ne compte pas, et c’est pourquoi nous avons avec elles un rapport qui est de vérité : elles comptent. Or les choses qui comptent relèvent de la pensée (par opposition aux autres qui relèvent de l’expérience et de l’intelligence), et il est d’autre part indubitable, puisqu’elles ont une réalité et qu’elles donnent lieu à une compréhension, qu’elles relèvent de l’expérience.

Ce qui inspire le respect est donc divisé entre l’impossibilité de relever d’une expérience (c’est quelque chose qui compte) et l’impossibilité de ne pas en relever (tout ce qui compte, par ailleurs, importe plus ou moins). Vous reconnaissez l’opposition de la marque et du « par ailleurs », de la vérité et de la réalité, bref de la « distinction » : il y a une expérience de la réalité, mais il serait absurde de parler d’une expérience de la vérité. C’est expressément de cette absurdité que je parle en faisant de l’expérience « la plus servile des notions ». J’aurais pu dire la moins distinguée.

La vérité n’est pas un autre ordre que la réalité, hors de quoi par définition rien ne saurait être considéré. Ethiquement, je traduis cette idée en pointant l’imposture que le sublime constituerait si on l’adoptait comme position : l’ordre servile est notre seule réalité – à ceci près qu’il ne compte pas et que par là de la vérité est possible pour nous, en ces lieux d’impossibilité de l’expérience qu’il faut nommer des marques.

Ce paradoxe est le fond de la question du respect qui est toujours aperception réfléchie (autrement dit sentiment) d’un distingué : d’un réel dont la réalité ne compte pas, bien que rien d’autre ne puisse par principe être considéré en lui, sinon son origine, qui n’est ni commencement ni fondement, autrement dit qui n’est rien.

Mais justement : n’importe quoi n’inspire pas du respect et la réflexivité qui définit ce sentiment oblige à reconnaître aux choses particulières qui l’inspirent (elles sont à part, ces choses dont la réalité ne compte pas) une paradoxale réalité : le respectable, on le reconnaît comme tel, puisqu’on le respecte, et si on le distingue forcément à partir d’une distinction qui lui est d’abord propre (sa réalité ne compte pas, et il est seul dans ce cas), une opération de distinction est indiscutablement reprise par nous, comme l’assomption réflexive de la distinction qui, j’insiste, est bien la sienne et non la nôtre (sinon il suffirait de choisir l’objet le plus considérable et le respect se commanderait – or c’est un sentiment). On ne distingue jamais que ce qui est proprement distingué – ce que j’ai appelé le vrai, dont la notion signifie simplement d’être sujet (et non pas exemple) de la vérité.

La question que je vais poser aujourd’hui à partir de cette nécessité introduira une notion dont nous ne sommes pas près d’être débarrassés : la notion d’autorité. C’est une notion extrêmement riche, qui réserve des surprises et des étonnements (ne serait-ce que dans sa nécessité littérale : l’autorité, c’est le fait d’être auteur), lesquels pourraient bien nous occuper une partie de l’année prochaine, tant les premières réflexions que j’ai faites sur cette notion me paraissent prometteuses. Pour le moment, je m’en tiens à une première approche, une première indication que je limite à la notion du respect, qui nous occupe actuellement.

Ce qui inspire le respect, en effet, ne se contente pas de l’inspirer : il l’impose ! Une violence nous est faite (Kant parle d’humiliation) par une certaine réalité, et toute la question est celle de la légitimité de cette violence, dont nous ne doutons jamais. En quoi j’ai bien nommé la question de l’autorité. Impossible de penser le respect sans penser l’autorité.

Première approche de la notion d’autorité

Dire qu’il y a des choses dont la réalité ne compte pas bien qu’elles ne soient rien d’autre que cette réalité, c’est à la fois nommer le sujet de la vérité (par opposition à un simple étant qui serait sujet de sa réalité, qu’on entende ce terme aussi bien au sens « dynamique » qu’au sens « mathématique »), rapporter ces choses à l’alternative radicale de quelque chose et de rien qui est celle de l’origine, et par là les distinguer à chaque fois comme le vrai. Là est la distinction, à mon avis : dans l’impossibilité que ne soit pas en cause la question originelle de la métaphysique, dès lors que l’origine est ce rien à partir de quoi il y a non seulement quelque chose mais bien quelque chose qui est dans sa (propre) vérité.

J’indique autrement cette distinction : toute compréhension s’inscrit dans l’a priori de la question qui ouvre la métaphysique (il s’agit de rendre compte), en même temps que cette question renvoie à une aberration de principe qui est celle de la donation : les raisons pour lesquelles il y a l’étant et non pas, rien, justement, s’il y en a, elles ne comptent pas. Le vrai s’installe donc dans le caractère originellement vrai de la question originelle, qui est une vérité de distinction, par opposition à la trivialité d’une réponse forcément théologique. Car le vrai, il faut toujours qu’il s’entende d’origine (souvenez-vous de l’exemple du vrai bourgeois : c’est un bourgeois d’origine bourgeoise, par opposition au parvenu, qui est bien bourgeois en réalité mais pas en vérité). Et l’origine est bien l’impossibilité que compte la mention qu’on pourrait faire des raisons faisant qu’il y a quelque chose et non pas rien. Je le dis encore autrement : le distingué, on le reconnaît à ceci que ce qui l’explique ne compte pas, par opposition à sa donation – dès lors qu’elle est vraiment la sienne et non pas celles de ces raisons en train de s’effectuer, comme la métaphysique (doctrine du fondement) nous le ferait admettre. Ce qu’on peut donc encore figurer d’une nouvelle façon en disant que le distingué est ce qui suscite une approche métaphysique qui ne compte pas. Là est son autorité.

Si c’est le vrai comme tel qui inspire le respect et si c’est toujours d’origine que le vrai est vrai, il est en effet certain que la question de l’autorité est inséparable de la question de l’origine, d’une certaine prégnance qui serait la sienne – elle qui n’est pas quelque chose (l’origine n’est ni le commencement ni le fondement) mais ce à partir de quoi il y a quelque chose et non pas rien, le lieu de la décision d’être, précisément comme décision.

Bien entendu, c’est de cette décision qu’il s’agit quand on parle d’autorité, de sorte qu’on peut aussi bien dire que toute la métaphysique, entée dans sa question originelle, est faite de la question de l’autorité méconnue comme telle, mais quand même d’une certaine manière reconnue, si l’on admet que la méconnaissance est une reconnaissance biaisée.

Poser la question du pourquoi de l’étant en général et comme tel, c’est forcément renvoyer à la nécessité que la raison forcément théologique ne comptera pas. Et elle ne comptera pas, parce que c’est autre chose que la raison qui compte : ce qui distingue, à savoir le nom qui répond non pas à la question quoi mais à la question qui. Car la question originelle de la métaphysique n’est pas celle d’une cause mais bien d’un nom – puisque la formule du fondement qu’elle interroge est « au nom de ». Une cause toujours déjà considérée comme ne comptant pas au profit d’un nom qui est, bien entendu, celui qui constitue la philosophie comme telle (au sens où le transcendantal est kantien, la dialectique hégélienne, et ainsi de suite), voilà l’autorité.

L’autorité est toujours celle du nom et c’est d’elle qui est question dans la métaphysique, justement parce que la métaphysique est identique à sa propre méconnaissance – en d’autres termes, elle est identique à la nécessité que tout métaphysicien soit un philosophe.

Quand je dis que l’autorité est toujours celle du nom, je m’appuie sur la nécessité pour toute chose de relever de la question originelle de la métaphysique, et sur l’impossibilité que la métaphysique ne soit pas le discours d’un philosophe – d’un auteur par conséquent : quelqu’un qui dit ce que son nom secret (le même que le nom officiel, mais cela ne compte pas) signifie. Pour autant que je puisse en juger dans l’état actuel de ma réflexion, cette approche est décisive, pour penser la notion d’autorité.

Il y en a une autre, dont nous verrons l’articulation avec celle-ci, et que j’indique rapidement, mais simplement à titre indicatif, me réservant la possibilité de reprendre cette idée de diverses manières : l’autorité est la reconnaissance des marques comme telle. Prenez tous les exemples que vous voulez, ça marche à chaque fois. Mais il ne suffit pas de le faire voir, bien sûr ; il faut encore assurer la déduction. Mais enfin, je voudrais que vous gardiez à l’esprit ces deux idées absolument décisives à mes yeux, pour ne pas risquer de tomber dans les trivialités habituelles qu’on peut lire sur cette question.

Je fais le lien avec la séance précédente en vous faisant remarquer que des choses qui sont elles-mêmes à partir de l’origine, telle qu’elle se dit paradigmatiquement dans la question inaugurale de la métaphysique, voilà ce dont nul ne peut avoir l’expérience. Car là où l’on voudrait les réduire au savoir (réduction qui est la définition même de l’expérience en tant qu’elle enrichit, c’est-à-dire qu’elle nous concrétise toujours plus comme sujets de savoir), il ne reste que l’origine, laquelle n’est pas plus quelque chose que rien mais le lieu même de cette alternative radicale – qu’on peut encore réfléchir en parlant de décision quant à la nature de la vérité. Car c’est l’origine qui décide que le vrai sera vrai et pas simplement réel, l’autorité étant alors forcément celle de cette décision, dont je viens d’indiquer que, paradoxalement, elle était signée – dès lors que cette question est métaphysique, c’est-à-dire philosophique et que par « philosophie » c’est la conjonction réflexive de la pensée et du nom qu’il faut entendre – de sorte que toute philosophie est philosophie du vrai.

Le vrai, il faut l’entendre à partir de la pensée, bien sûr, mais aussi comme ce qui donne à penser. L’articulation de cette double nécessité, c’est le nom : les choses vraies, en philosophie, ce sont celles qui « nous disent quelque chose » (par opposition aux problèmes qui ne disent rien et qui conviennent aux gens savants et intelligents mais qui ne pensent pas). Et ce que nous disent les choses qui comptent, je viens encore de le rappeler, c’est notre nom secret, celui dont la pensée consiste à élaborer la signification.

Les choses qui comptent, elles inspirent du respect. Le respect est donc celui du nom secret, puisque c’est par lui que compte ce qui compte – par opposition aux choses plus ou moins importantes, ces trivialités dont n’importe qui peut avoir l’expérience et qui, par là même, « ne nous disent rien ».

S’il y a bien quelque chose dont on ne peut avoir l’expérience, c’est le vrai comme tel – où la pensée est en question alors que tout objet possible d’expérience renvoie seulement à un sujet du savoir, dès lors qu’il n’y a d’expérience que dans la décisionproprement instituante qu’il ne doit pas y avoir de vérité. Car ce dont on peut avoir l’expérience doit par principe s’identifier à son importance, autrement dit à l’impossibilité de jamais compter, alors que le vrai, justement, c’est ce qui compte.

Pour comprendre ainsi l’exclusivité de l’expérience et du respect, il est nécessaire que nous apercevions la servilité constitutive de l’expérience comme une décision éthique (« qu’il ne soit pas question du vrai ! »), alors même qu’elle est première en fait, puisqu’elle est inhérente à la vie elle-même. Le respect, c’est la décision exactement contraire, qu’il faut bien entendre non pas par elle-même mais à partir de l’expérience, puisque la vérité n’est rien d’autre que l’impossibilité que le savoir compte (alors qu’on définit suffisamment l’expérience en disant qu’elle est la nécessité qu’il compte).

Une chose qui est faite en vérité de sa propre impossibilité, autrement dit de l’impossibilité que sa réalité compte, c’est une chose qu’on respecte. Prenez n’importe quel exemple : à chaque fois que vous parlerez d’une expérience possible, vous nommerez ce qui ne compte pas, autrement dit ce qui ne saurait d’aucune manière inspirer du respect, et a contrario vous aurez reconnu une distinction qui vous fera respecter la chose ou l’être dont l’expérience (c’est-à-dire la réduction à une importance de savoir) sera impossible.

Or cette impossibilité, c’est la vérité. Mais la vérité, elle n’est telle qu’à se conditionner elle-même, faute de quoi il ne s’agirait pas de vérité mais d’une modalité paradoxale de la réalité. Rien de plus simple à comprendre : il n’y a jamais de vérité qu’en vérité, et nullement en réalité. Voilà en quoi consiste logiquement la distinction du vrai : fait de sa propre origine, laquelle n’est rien, alors que ce dont l’expérience s’impose est toujours fait de sa propre production, laquelle est tout. Car une chose dont on a l’expérience n’est rien d’autre, à la réflexion, que l’expression de ses raisons d’être. Cela signifie que son recueillement est forcément anonyme, appropriée au sujet insignifiant du savoir (un médecin, un professeur, un administrateur, etc.), ainsi qu’il convient à une chose qui « ne dit rien », c’est-à-dire dont la donation est autorisée par des raisons et non pas par la signification secrète d’un nom qu’on ignore.

Je termine en synthétisant : est respectable la chose dont la donation est corrélative du statut d’auteur ( = celui dont la parole est épuisée par son statut éthique) de celui qui reconnaît dans la réalité de la chose la marque de cette donation (autorité, je l’ai dit, signifie reconnaissance des marques). Et la donation est toujours donation du nom secret, puisqu’elle n’est recueillie que par un sujet qui s’autorise de lui-même autrement dit un « auteur ». Ce dont nous avons l’expérience, voilà qui ne saurait d’aucune manière (sauf précisément à suspendre la possibilité de l’expérience) susciter le respect, ni objectivement (c’est n’importe quoi : une chose qui a cédé sur sa vérité) ni subjectivement (cela s’adresse à n’importe qui : un sujet qui a cédé sur la nécessité de s’autoriser de soi).

Que la donation soit toujours celle du nom secret, c’est ce qu’on signifie implicitement en disant que la donation concerne toujours le vrai comme tel. L’objet, par contre, il n’est jamais donné : sa seule vérité, c’est que le savoir s’en soit depuis toujours emparé. L’objet ne dit rien à personne parce qu’il n’est pas donné et qu’en conséquence le sujet qui s’en empare est depuis toujours un anonyme (n’importe quel sujet de savoir), alors que le vrai ne se reconnaît que dans le moment de la donation : ce qui ne nous dit rien ne nous est jamais donné et par conséquent n’est jamais vrai, au moins pour nous (car on peut imaginer que des choses qui ne nous disaient rien se mettent soudain à nous parler et à nous dire qui nous sommes vraiment, comme par exemple une notion philosophique).

L’opposition de l’expérience et du respect peut donc se dire, quand on veut penser la corrélation du respect et de l’autorité, comme l’opposition de l’auteur et du sujet du savoir. Celui-ci est toujours n’importe qui (exemple le médecin : un sujet institué et constitué par le savoir médical dont il est l’effectuation), c’est-à-dire un esclave (servilité = s’en tenir aux importances). L’auteur, au contraire, est fait de sa propre impossibilité : ce qui inspire du respect, c’est ce qui dit ce nom dont, à la réflexion, on découvrira qu’il était depuis toujours la vérité métaphysiquement indiquée de ce qui est en cause.

Pour prendre un exemple concret, je dirai ainsi que Kant découvre la nécessité comme kantienne, et ainsi de suite (autant d’exemples de cette nécessité qu’il y a de philosophes), et que cette découverte, précisément parce qu’elle devait se faire sans le savoir (sinon il se serait agi d’expérience et non pas de pensée) se traduisait nécessairement par le respect. Je suis sûr que Kant éprouvait un grand respect pour tout ce qui attestait de la nécessité.

Voilà, à mon avis, quelle est la signification du respect : la corrélation de la donation de la chose et de l’autorité, c’est-à-dire du statut d’auteur (= s’autoriser de soi et non pas de sa place ni de son savoir) de celui qui a reconnu cette donation, qui est toujours donation du nom propre (c’est par exemple de la nécessité que Kant a reçu son nom, son vrai nom, celui qui nous inspire de l’admiration).

Tel est l’essentiel, je crois : à travers la question de l’origine, que la donation de la chose elle-même (qui par là même inspire du respect) soit originellement celle du nom dès lors vrai. Car le nom n’est vrai qu’à relever de la donation, laquelle doit originellement s’entendre à partir de la propriété du vrai, puisqu’on doit nommer vrai l’étant qui décide de son propre apparaître.

D’où je pose pour conclure aujourd’hui que le principe du respect est la reconnaissance de la vérité de notre nom, ce nom secret qui relève de la donation de l’étant comme tel, de l’étant qui nous dit quelque chose dès lors que c’est depuis nos marques que nous le reconnaissons. Car bien sûr, ce qui ne nous touche pas là où nous sommes marqués ne nous touche pas du tout : tout au plus pourrons nous anonymement nous en emparer.

La philosophie est comme telle l’effectuation de cette nécessité (par exemple, recevant la nécessité comme vraie, la philosophie de Kant est le discours qui nous explique avec précision ce que signifie l’adjectif « kantien »). Et certes, n’inspire le respect que ce qui compte, la philosophie se définissant formellement d’en être le savoir.

Je vous remercie de votre attention.