Leçon 11

Le jeu de la séduction

Il suffit de promettre pour séduire, certes, mais il ne suffit pas de s’engager à faire quelque chose pour que cela constitue une promesse. Encore faut-il qu’en l’annonce de ce qu’on va faire soit impliquée la question que chacun est pour lui-même, et qui est la question d’être sujet. Une parole est une promesse quand apparaît en elle qu’on est sujet envers et contre tout et d’abord envers et contre toutes les raisons que l’on pourra ultérieurement avoir de ne pas faire ce qu’on a dit qu’on ferait, à commencer par la meilleure d’entre elles : être mort avant d’avoir pu tenir parole. Une parole est une promesse, corrélativement, quand un autre sujet pour qui la réalité non plus n’est pas ce qui compte en prend acte. En ce sens la notion d’une promesse réaliste est absurde, et c’est très précisément de ne pas l’être que la promesse se constitue en se distinguant de l’engagement dont on a forcément la représentation. D’un autre côté une promesse n’en est une que si l’on y croit : si aucune possibilité ne m’est offerte d’être celui dont on m’assure que je pourrais enfin l’être, cette assurance ne tient pas et il n’y a tout simplement pas de promesse. On a traduit cette double nécessité en disant que les promesses, il faut y croire, mais qu’on commettrait l’erreur, à y croire vraiment, de les manquer comme promesses autrement dit de les confondre avec des engagements : croire pour de vrai aux promesses revient à les installerait dans la continuité de cette vie qu’on se reconnaît destiné à mener, alors que c’est précisément de rompre avec lui que les promesses sont d’abord les promesses.

Croire mais pas pour de vrai, c’est ce qui définit la fiction en général. Si on croit totalement on est simplement dans la réalité (je ne peux douter de l’existence de cette table, par exemple), mais si l’on ne croit pas du tout, on est aussi dans la réalité (par exemple on ne voit pas un personnage sur l’écran, mais l’image d’un comédien occupé à gagner sa vie comme il peut).

On en déduirait que la question de la promesse, et par conséquent aussi celle de la séduction, se ramènent à la production de fictions : il n’y aurait finalement que des images par lesquelles on accepterait de se laisser capturer. La double question de la promesse et de la séduction ne serait finalement que celle du narcissisme – car on ne peut être séduit par une image qu’à imaginer en être une soi-même, qu’à se prendre pour son moi. Or ce serait oublier que toute promesse s’entend d’exclure la représentation ou plus exactement de s’en distinguer (c’est l’engagement qui donne lieu à représentation de ce qui sera), mais surtout ce serait oublier que la séduction est injonction à être sujet d’une manière qui soit expressément en rupture avec ce qu’on se représente de soi ! Le « vrai » sujet qu’il s’agit de se décider enfin à être, il est au-delà du saut dans l’inconnu de l’objet qu’il faudra faire.

La séduction, quand on part de l’équivalence entre « prometteur » et « séduisant », est d’abord faite de cette contradiction : on ne peut croire que sérieusement mais il ne s’agit pas de croire pour de vrai. Le sérieux de la croyance rend compte de sa dimension d’assujettissement – et certes, tout le monde sait que séduire, c’est assujettir  autrement dit occuper un esprit et captiver une liberté – mais c’est un assujettissement qui reste léger parce qu’il n’a jamais lieu pour de vrai. On l’a dit : la première règle de la séduction est qu’on ne s’embarrasse pas de réalisme (d’où par exemple l’impossibilité que la pornographie puisse jamais séduire ni aucune autre forme d’obscénité – mais l’idée de l’obscénité, oui, bien sûr). C’est la raison pour laquelle il est aussi absurde de protester contre des promesses qui ne sont pas tenues (on ne fait pas un procès au publicitaire qui promettait la jeunesse et la joie à tout acheteur de telle eau minérale) qu’il est légitime de le faire quand il s’agit d’engagements. La question de la promesse n’est pas celle de la réalité.

Pour la réflexion, et donc pour la nécessité représentative, l’alternative du vrai et du réel n’a aucun sens et se trouve toujours déjà convertie en alternative du réel et de l’irréel, celui-ci étant simplement l’autre de celui-là. Dire que la question de la séduction est la question de la vérité, au sens où c’est toujours de la vraie vie qu’il s’agit dans ce qui séduit, cela revient donc à poser la nécessité qu’on y aperçoive l’institution d’un ordre de fiction, mais un ordre où l’injonction de se décider continue de valoir.

Un ordre de fiction impliquant la décision, qui est toujours celle d’être sujet, cela s’appelle un jeu. Il est impossible de réfléchir la notion de séduction sans y reconnaître l’institution d’un jeu – à quoi on comprend que correspond son essentielle dimension de complicité. S’il n’y a jamais de séduction qu’avec la complicité de la personne qui est séduite, c’est que la situation de séduction concerne deux partenaires qui sont d’accord pour jouer le jeu de la séduction.

Suspendre le sérieux du monde

La catégorie qui met en place la notion du jeu est celle de la gratuité : on ne joue qu’à jouer pour rien et inversement on peut appeler « jeu » toute activité dans laquelle les nécessités, autrement dit la réalité et sa représentation dans le savoir, ne comptent pas. Elles importent autant qu’on voudra (on peut avoir besoin de jouer pour se reposer l’esprit, par exemple) mais elles ne comptent pas (on ne parlera de jeu qu’à avoir décidé d’ignorer ce besoin, sinon on ne joue pas mais on se soigne). Le jeu met la nécessité entre parenthèses, bien que sa compréhension comme phénomène mondain la mobilise forcément, au sens où comprendre ce qui est consiste à le rapporter aux raisons de son être. Quand la question d’être sujet se pose sur la base de la récusation de ces raisons, comme c’est indistinctement le cas dans la promesse et dans le jeu, on ne nie pas qu’elles existent, mais on décide qu’elles ne comptent pas. Entre le jeu et la gratuité la réciprocité est totale : ce qui est sans raisons n’est pas l’arbitraire, comme il faudrait l’affirmer si les raisons d’être étaient absentes, mais est gratuit, le jeu en constituant l’assomption pratique.  De sorte que faire quelque chose sans que la réalité nécessite qu’on le fasse, autrement dit sans que comptent les raisons que par ailleurs on aurait de le faire, c’est jouer à le faire. On peut par exemple jouer à conduire sa voiture (un magnifique jouet) tout en la conduisant (un moyen de transport). La notion du jeu se trouve donc ici : avant de renvoyer à un système de règles et de décisions, au sens où jouer consiste concrètement à prendre une suite réglée de décisions, on récuse la nécessité entendue transcendentalement comme incidence du monde.

La séduction possède ce trait essentiel : ses raisons ne comptent pas. Pourtant on a bien des raisons de séduire, ne serait-ce que le plaisir de vanité que cela peut procurer ; et aussi de bonnes raisons d’être séduit, à commencer par celle de croire renoncer à la responsabilité de déterminer soi-même ses options. Mais le mettre en avant revient à dire que la séduction plaît, et que c’est pour cela qu’on désire séduire ou être séduit. En quoi on oublie tout ce qui fait la notion de la séduction, qui est l’idée de détournement de la vie qu’on était destiné à mener et qui est précisément cette vie dans laquelle les choses ont à plaire (le service des biens). Il y a toutes les justifications qu’on voudra à la séduction mais, justement comme telles, elles ne comptent pas. Comme il est exclu qu’on ait des raisons de jouer pour qu’on joue (jouer pour se détendre n’est pas jouer : c’est se soigner), il est donc exclu qu’on ait des raisons (de décider) d’être séduit quand on l’est. Disons le autrement : ce n’est pas que la séduction plaise qui compte, quand on se pose la question de son propre rapport à la séduction : c’est qu’elle séduise ! Le premier trait de la séduction, en effet, c’est qu’elle est séduisante.

Le caractère ludique des réalités qui sont susceptibles de nous séduire, c’est-à-dire de nous faire apercevoir que la réalité (ou le savoir des nécessités qui en réfléchit la compréhension) ne compte pas, est évident. Le talent, la richesse, la beauté, etc. peuvent séduire (mais aussi bien d’autres choses apparemment contradictoires avec celles-ci comme par exemple la maladresse) parce qu’elles marquent une facilité d’existence qui semble en faire un jeu. Tout ce qui nous séduit nous donne le sentiment que vivre est un jeu – si difficile que cela puisse être par ailleurs. La personne intelligence se joue des problèmes, une chose qui est belle donne à notre réflexion l’idée du « libre jeu » de ses formes, et ainsi de suite.

En ce sens, il n’y a pas de séduction possible sans que la grâce n’y soit impliquée d’une manière ou d’une autre, parfois très paradoxale comme dans l’exemple du talent qui est toujours séduisant et qui semble une grâce que les dieux ont accordée à quelqu’un qui ne l’avait pas particulièrement méritée, comme par jeu, en somme. (D’ailleurs une grâce méritée ne peut pas en être une : elle procèderait d’une nécessité de justice ou d’équité.). Pour séduire une femme, Messieurs, commencez par la faire rire – ce qui est déjà la conduire loin du sérieux des réalités communes. La drôlerie est donc séduisante, mais aussi l’intelligence, le talent, la richesse, bref toutes les qualités qui ont en commun de faire que le sérieux des difficultés inhérentes à la réalité des choses peut être ignoré. Ce n’est donc pas simplement la légèreté qui est séduisante. Elle l’est parce qu’on se représente que jouer est toujours léger. Or il y a des jeux qui présentent beaucoup de difficultés et réclament beaucoup d’efforts. Mais tous ces efforts, qu’on fait réellement, on ne les fait pas pour de vrai. C’est pourquoi des réalités lourdes (l’argent, le savoir, le pouvoir) peuvent être séduisantes : par elles les difficultés inhérentes aux choses semblent ne pas valoir pour de vrai.

Ainsi la reconnaissance du jeu de la séduction ouvre-t-elle à la distinction entre faire réellement et faire pour de vrai. Cette distinction, qui est donc philosophiquement celle du réel et du vrai, est essentielle à notre notion, qui est celle du détournement du réel vers le vrai.

Faire semblant

Mettre entre parenthèses les nécessités, puisqu’elles sont constitutives de la réalité, c’est opter pour l’imaginaire. Un jeu est toujours une installation dans l’imaginaire. Et donc aussi la séduction, en tant qu’elle est l’espace de l’alternative entre la vie réelle et la vraie vie – espace qui, comme tel, n’appartient ni à l’une ni à l’autre.

Il y a une réalité de l’imaginaire et surtout une réalité de la production et du maintien de l’imaginaire, ainsi que Sartre l’a montré dans ses descriptions des conduites « magiques » (en faisant la moue, le renard ressent déjà que les raisins sont trop verts, par exemple) et des « analogon », ces objets sur lesquels la conscience imageante s’appuie pour « néantiser » d’une certaine façon le monde où elle se trouve. Le monde imaginaire a donc un envers réel et concret en plus d’impliquer dans sa propre logique des comportements eux aussi réels et concrets (on abat effectivement les cartes sur la table, l’enfant qui joue au cow-boy dit effectivement « tagada, tagada », etc). D’un autre côté l’action qu’on fait (terrasser un adversaire, parcourir la prairie à cheval), en tant qu’elle est le sens des conduites qu’on adopte, reste, elle, purement imaginaire : ce qu’on fait dans l’imaginaire, on fait seulement semblant de le faire. Jouer, c’est toujours faire semblant, non seulement dans les jeux d’imitation (l’enfant qui enfourche un balai fait semblant d’être à cheval) mais encore dans le jeu lui-même parce qu’il est expressément de nature représentative. Les modernes compétitions ne se cachent nullement d’être des métaphores de la guerre et des rapports de pouvoir, c’est-à-dire de ne pas être ce dont ils sont ainsi la représentation. Dire par exemple que le Portugal a dominé l’Espagne lors de telle compétition, c’est dire que le Portugal n’a pas du tout dominé l’Espagne : il a seulement fait semblant. En quoi il s’agissait bien de jeu et non pas de politique – même si le surplus de sens apporté par toute métaphore interdit de faire comme s’il ne s’était absolument rien passé en termes de domination.

Séduire, parce que c’est jouer, consiste donc aussi à faire semblant. La simple idée de complicité, qui est si essentielle à notre notion, l’impliquait déjà : la séduction s’oppose ainsi  à ces actions effectives que seraient celle de dominer, de contraindre, de charmer ou d’envoûter. Si la séduction n’était pas un jeu c’est-à-dire une convention elle seraient réellement séduction, c’est-à-dire simple abus (mais justement : un abus n’est jamais simple : il est toujours en même temps une séduction c’est-à-dire une complicité). Car séduire pour de vrai, comme on le voit dans l’usage que la psychanalyse fait de la notion, ce n’est pas du tout séduire : seulement abuser. La séduction est avant tout complicité dans le refus d’être sérieux : flirter, pour prendre un exemple paradigmatique, ce n’est pas conquérir sexuellement bien que ce ne soit pas non plus autre chose. Mais le refus du sérieux vaut aussi pour lui-même ou plus exactement pour sa propre univocité : si flirter n’a aucune chance de donner lieu à une conquête sexuelle, alors ce n’est pas du tout flirter et il ne s’est jamais agi de séduction ! La séduction est un jeu ; elle consiste donc nécessairement à faire semblant ; mais cette vérité même, qu’il ne s’agira aucunement de contester, il ne s’agit pas non plus de la prendre absolument au sérieux ! On ne séduit qu’à ne pas séduire pour de vrai et c’est pourquoi la séduction qui est un événement est forcément aussi une complicité ; mais la complicité porte autant sur ce qu’on fait semblant de faire (dans cet exemple on fait semblant de se conquérir sexuellement l’un l’autre) que sur l’impossibilité de s’en tenir sérieusement à cette convention. Il appartient e »n somme à la séduction qu’elle puisse toujours dégénérer, si l’on peut employer ironiquement une telle expression – ou, pour aller à l’essentiel de la notion, qu’elle puisse donner lieu à un assujettissement. L’espace de la séduction est en ce sens celui d’une convention : il est ouvert dès qu’on s’est mis d’accord (un regard suffit) pour faire semblant, et qu’on s’est par là même aussi mis d’accord sur le caractère de semblant de ce même accord.

On parlait de la compétition sportive comme métaphore des dominations militaires, économiques, politiques. Ce phénomène fait bien apercevoir qu’il appartient constitutivement au jeu de ne même pas être sérieux avec son propre concept, c’est-à-dire de pouvoir donner lieu à sa propre abolition interne, si l’on peut dire. Qu’un pays en domine constamment un autre dans les compétitions sportives ne restera pas sans conséquences réelles notamment politiques, et l’on sait qu’il appartient aux nations d’utiliser leurs joueurs comme des armes dans une rivalité dont plus personne n’est capable de dire si elle est, en toute dernière instance, une compétition ou une guerre. C’est cette ambiguïté d’impossibilité de la dernière instance qui fait le jeu., et donc aussi la séduction dans laquelle il reste impossible et en même temps nécessaire que le sujet soit résorbé dans ce dont il est le sujet. Le jeu, c’est qu’il ne puisse pas en dernière instance être vrai (ni faux !) qu’on joue. Tel est subjectivement le jeu de la séduction : séduire, c’est jouer à séduire, et donc faire semblant de séduire, de sorte que faire semblant de faire semblant pourrait bien consister à ne pas faire semblant… Toute la séduction tient dans cette irréductibilité subjective que manifeste le conditionnel.

Et certes, s’il n’y a pas de différence entre séduire et faire semblant de séduire (et donc aussi de faire semblant de séduire…), toute justification qu’on pourrait trouver à la séduction ne la concernerait finalement pas : ne reste que la question que le sujet du jeu est à jamais pour lui-même, autrement dit que la nécessité indéfiniment insistante d’être vraiment sujet. Même la réflexion doit le reconnaître, qui veut réintégrer la séduction dans l’ordre des biens dont elle est pourtant la mise en question : est-ce la séduction que nous aimons, ou est-ce seulement l’idée de la séduction qui nous séduit ? Voilà l’indécidable et c’est depuis cet indécidable que la séduction est elle-même.

Qu’est-ce que séduire, alors ? eh bien c’est jouer à séduire, donc aussi jouer à jouer à séduire !  Séduit-on « pour de vrai » qu’on ne séduit pas, car dans ce cas il faut parler de tentation ou de subornation. Fait-on simplement semblant de séduire qu’on ne séduit pas non plus. Impossible en ce sens que l’action de séduire soit effective, son effectivité résidant dans cette impossibilité même. La séduction, qui consiste à instaurer de la fiction, est elle-même est une fiction ! Plus concrètement : la séduction, c’est le jeu de la séduction – et rien d’autre, si ce n’est bien sûr le jeu du jeu de la séduction. Et parce que jouer consiste toujours à faire semblant, il faut reconnaître que séduire consiste toujours à faire semblant de séduire.

On objectera qu’on peut séduire malgré soi et qu’il est en ce sens impossible de dire qu’on fait semblant. Il est vrai qu’on ne peut jouer sans le savoir, puisque faire semblant de faire, c’est ne pas faire (mais on peut en même temps faire et faire semblant de faire, comme dans l’exemple des cérémonies). C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on n’est jamais absolument sûr de jouer : soit on a totalement oublié qu’on joue mais alors il n’y a plus de différence entre jouer pour de vrai et ne plus jouer du tout (« allons, calme toi : ce n’est qu’un jeu ! »), soit on continue de savoir qu’on joue mais il faut à chaque instant se relancer dans le jeu tout en s’empêchant de prendre conscience qu’on le fait, parce qu’on verrait alors qu’on s’en tient seulement aux gestes d’un jeu dont il faut en quelque sorte maintenir à bouts de bras l’existence. Mais en réalité cet argument ne vaut pas : mettant en avant la possibilité de séduire sans le savoir et niant qu’on puisse parler de jeu, il consiste à confondre séduire, qui est un acte forcément volontaire, avec être séduisant qui est un effet attribuable à toutes sortes de réalités (il y a des personnes séduisantes, mais aussi des choses, des apparences, des idées, etc.). Si donc on ne séduit jamais que dans la conscience de séduire, alors la caractérisation de la séduction comme jeu de la séduction s’impose contre tous les réalismes que seraient par exemple la confusion de cette idée avec celle de contraindre, charmer ou envoûter – en quoi on aurait alors séduit pour de vrai.

D’où cet étonnant redoublement du jeu qu’on peut présenter sous forme de question : quand on joue, est-ce qu’on joue, ou est-ce qu’on joue à jouer ? Pour nous cette question devient celle de savoir si la séduction existe, ou s’il y a  seulement le jeu de la séduction. Eh bien, les deux – et on le comprend quand on réalise que séduire ne consiste même pas à installer dans un rapport de séduction mais seulement à inviter à cette installation. La séduction est toujours invitation au jeu de la séduction. Si une femme nous séduit, ce n’est donc pas du tout parce qu’elle nous promettrait de nous aimer, ou parce que ses avances seraient gratifiantes pour notre narcissisme (ou notre libido) parce que cela reviendrait à confondre le désirable avec le séduisant, mais uniquement parce qu’elle nous invite au jeu de l’amour (ou à celui du sexe, selon le type de séduction qu’on voudra considérer).

La séduction, donc, c’est que la séduction soit séduisante et qu’on accepte de se laisser séduire par la séduction, c’est-à-dire de se laisser inviter au jeu de la séduction.