Version PDF : Notre sensibilité au vrai
Séminaire de l’Université Populaire de Narbonne, Supplément à la séance du 8 février 2023
L’être dont la parole a fait le dépositaire de la vérité est désormais à distance de la vie, et donc de lui-même : il ne peut continuer à vivre (or vivre, c’est continuer à vivre) qu’à la condition de se supposer avoir raison et non pas tort de le faire. Pour l’être humain dont la vérité est l’affaire, la question n’est pas que la vie soit assez bonne pour qu’on l’assume encore, ni qu’elle soit assez mauvaise pour qu’on y renonce. La question de la vie est certes qu’elle soit la meilleure possible mais, depuis que nous parlons et que nous avons la responsabilité de la vérité, ce n’est plus de cela qu’il s’agit originellement en nous : c’est que la question de la vie soit soumise à celle de la vérité comme l’autorisé l’est à l’autorité, autrement dit qu’on ne continue à vivre qu’à ce que ce ne soit pas devenu de notre part quelque chose d’irresponsable.
La vérité précède la vie, puisqu’elle la conditionne
On traduit cette évidence en disant que, contrairement aux autres vivants qui sont les sujets de ce qu’ils font, nous sommes en plus sujets de le faire. Ainsi le renard tue les poules, il est donc sujet puisque cela lui est imputable ; mais il n’est pas sujet de le faire parce qu’être un renard est juste sa nature : il n’y est pour rien, c’est un renard et voilà tout. Nous au contraire ne sommes humains qu’à avoir pour affaire d’être humains c’est-à-dire qu’à ce qu’être sujet de ce que nous faisons soit encore notre affaire. Cela signifie qu’il faut qu’il y ait pour nous de la vérité dans le fait même que nous soyons sujets de tout ce qui peut nous être imputé. On ne vit qu’à être autorisé de la vérité, qu’à ce que la vérité fasse autorité pour nous et en nous – y compris quand nous employons toutes nos forces à ne jamais y penser, voire à mener les plus fausses des vies (conformisme social, fanatisme religieux, narcissisme individuel…). D’où le décentrement de la notion de sujet quand il s’agit de nous : quand on est un être de parole, être sujet ne consiste pas à être sujet, mais à avoir pour affaire (pour responsabilité) d’être sujet.
Dire que la vie est humaine parce qu’elle suppose la vérité, c’est dire que l’autorité d’être soi est tout simplement l’envers de l’autorité du vrai. Elle précède toujours, comme la responsabilité d’être responsable précède la responsabilité proprement dite. Car on n’est jamais responsable de quoi que ce soit que dans la responsabilité d’en être responsable, comme dans l’exemple du professeur n’est responsable de son enseignement qu’à être d’abord quelqu’un qui a pris la responsabilité d’être professeur. « Précède » ne s’entend pas seulement au sens temporel, ni même principalement : dire que nous ne sommes responsables de ce que nous faisons qu’à d’abord être responsables de le faire (contrairement au renard), c’est tout simplement dire que pour nous la responsabilité est quelque chose d’humain : il faut que la responsabilité soit elle-même quelque chose de responsable, autrement dit qu’on ait raison et non pas tort de l’assumer.
Vivant humainement, nous sommes donc toujours-déjà affecté par le vrai dans son autorité autrement dit par la vérité ; cela se confond avec le fait même que nous vivions.
On est forcément sensible à la vérité dont notre vie témoigne malgré nous
Être affecté par quelque chose, surtout si c’est antérieurement à toute possibilité de réflexion, cela renvoie à une notion précise qui est celle de sensibilité. Nous sommes évidemment sensibles à notre bien comme tous les vivants, mais nous sommes d’abord sensibles au vrai puisqu’il faut d’abord qu’il y ait de la vérité à vivre, pour que nous vivions. La question de la vérité n’est donc pas abstraite en nous : c’est celle de notre sensibilité originelle, en tant qu’elle se confond avec celle de notre responsabilité : que celle-ci s’éprouve comme étant elle-même quelque chose de responsable, contrairement à celle du renard qui s’exerce (c’est bien lui qui tue les poules) mais ne s’éprouve pas. Force est ainsi d’admettre en nous une sensibilité originelle qui concerne non pas la réalité mais la vérité – celle-ci étant paradoxalement la condition de celle-là (la réalité se trouve dans la vie, laquelle doit d’abord être quelque chose de valable).
D’un autre côté la vérité de la vie n’a pas place dans la vie. Pourtant s’il n’y avait jamais de vérité dans la vie ou, pour parler en termes freudiens, si le « refoulement » de la vérité par la vie était total, il n’en resterait rien et la question ne se poserait même pas.
Si donc nous avons pour affaire originelle non pas de vivre mais d’assumer de vivre, alors il doit y avoir dans la vie des réalités qui rappellent, représentent, commémorent, la vérité dont la vie doit forcément s’autoriser. Sans ce rappel, la responsabilité d’être responsable (envers de l’autorité du vrai) serait tellement perdue qu’il n’y en aurait tout simplement pas. Le vrai dans la vie, qu’on peut donc appeler l’originel ou l’immémorial, se présentera donc dans le monde de la vie mais il le fera sur le mode de l’impossibilité à la vie : en extraterritorialité.
Dans le monde, l’extraterritorialité au monde ne peut pas ne pas être manifeste : elle s’effectue forcément par la suspension, la mise entre parenthèses, l’interruption, de ce qui fait précisément la « mondanéité » de ce qui appartient au monde, à savoir que tout ait un sens et que ce sens soit finalisé – puisque le monde est l’horizon de renvoi des choses les unes aux autres et que le monde est corrélatif de la vie qui consiste toujours à vivre le mieux possible. Donc si une chose est aussi étrangère à la nécessité objective du sens qu’à la nécessité subjective du bien, cela ne pourra pas ne pas se remarquer, puisque la nécessité du sens et la finalité valent pour absolument tout ce que la vie peut comprendre.
Notons que cela ne se remarque pas nécessairement parce que la nécessité est par excellence la catégorie de l’anticipation donc de la compréhension, bref de la normalité. Pour marquer le réel par opposition au nécessaire, on use de la double négation. On dira par conséquent qu’il est impossible que l’extraterritorialité du vrai (il n’a ni sens ni finalité alors que tout fait sens et s’inscrit d’avance dans l’horizon du bien) ne se remarque pas.
Nous sommes forcément sensibles à la vérité, mais pas au sens positif ou nous sommes par exemple sensibles à la chaleur. C’est plutôt d’une impossibilité locale d’y être insensible qu’il s’agit. Est vrai dans la vie tout ce qui rend localement impossible l’insensibilité habituelle au vrai qui la caractérise (puisqu’elle est toujours sens et finalité).
Voilà pourquoi l’irruption du vrai est toujours un retour dans la vie de l’origine qu’il est pour la vie.
L’idée incroyable que la vérité transparaisse, et sa notion
L’être parlant est ce vivant qui doit d’abord s’autoriser du vrai, lequel fait inévitablement retour par endroits et par moments. Cela signifie alors que notre monde est parsemé de trous à travers lesquels transparaît notre origine : le vrai, qu’il faut bien considérer dans son autorité et dans son antériorité puisqu’il décide de la vie (c’est ce qui la fait humaine), reparaît dans la vie qui ne peut pourtant pas le comprendre. On dira que l’autorité dont la vie relève transparaît forcément dans le monde de la vie, et qu’elle le fait en des réalités qu’on peut donc indistinctement dire vraies ou originelles, selon qu’on met l’accent sur l’autorité du vrai ou sur notre responsabilité de vivre qui en est l’envers.
Dans la vie des êtres parlants, ce qui donne raison de vivre doit forcément apparaître. Cela se fait non seulement comme extraterritorialité (des trous dans le monde qu’on ne peut pas ne pas remarquer) mais encore comme autorité. Faire autorité, c’est s’imposer en frappant d’inanité tout ce qui pourrait s’y opposer, ainsi que tout ce qui entoure l’événement que cela constitue. Être extraterritorial et tout frapper d’inanité, voilà en quoi consiste cette transparition, qui est forcément dans le monde un certain type de visibilité.
Il y a donc des impossibilités locales : ce qu’il y a cesse de valoir par autre chose et ce qui l’entoure cesse d’être un ordre d’importances. Tel est, dans le paradoxe de son réel (un trou dans le monde) l’apparaître du vrai…
L’idée que la vérité transparaisse dans le monde est étonnante, on l’admet. Mais qu’on admette aussi qu’elle est en même temps familière à chacun – à tout être parlant : qui donc ignore que parmi toutes les choses qui sont réelles, il y en a quelques-unes qui sont vraie et que cela se voit ?
Il y a une notion qui prend ce paradoxe à bras le corps, celle de l’aura[1].
Nous pouvons d’emblée en donner la définition exacte, quitte ensuite à en développer les conditions et les implications. Voici cette définition : l’aura est la phénoménalité de l’autorité, son apparaître comme telle. Le « charisme » en est évidemment une variante, parfaitement indépendante, ainsi qu’exige la notion d’autorité, de la réalité des personnes concernées et des raisons qu’on pourrait avoir ou ne pas avoir de les aimer, de les estimer voire même de les respecter[2]. Quand l’autorité s’énonce comme alternative d’avoir raison ou tort, on restreint la définition qui vient d’être donnée en disant que l’aura est la visibilité de la vérité.
D’une chose dont l’aura nous frappe, on dira qu’elle est vraie visiblement ou, si l’on préfère, qu’en elle la vérité apparaîtcomme vérité c’est-à-dire en dépit ou en surcroît de la réalité, laquelle est ce nous avons plus ou moins compétence de comprendre et de juger. Le vrai, il n’y a ni à le comprendre, ni à le juger : il s’impose. Et qu’il le fasse visiblement, voilà ce qu’indique la notion de l’aura.
L’extraterritorialité au monde et l’inanité de celui-ci ne sont pas des faits objectifs qu’il serait nécessaire de constater : ce sont des impossibilités de la vie, donc du sens et de la valeur des choses, qu’il serait irresponsable de ne pas reconnaître. Ainsi l’aura est analogue à la beauté (rien d’étonnant : celle-ci est l’une de ses formes) : elle relève de la responsabilité et non pas du savoir. Par exemple on ne pourrait pas prouver qu’il a tort à celui qui nierait la beauté de la baie de Naples, alors qu’on pourrait prouver qu’il a tort à celui qui nierait que la somme des angles du triangle est égale à deux droits. Mais nous savons tous que celui qui nierait cette beauté avèrerait par là même qu’il est un irresponsable, auquel on serait soi-même irresponsable de continuer à se fier[3].
On nous a compris : là où il n’y a pas de différence, c’est-à-dire aucune raison dont on puisse s’autoriser et dont on puisse ensuite être excusé, on est bien forcé de s’autoriser de soi-même pour distinguer. Or s’autoriser de soi-même hors de toute raison, donc hors de toute compétence, c’est forcément s’autoriser non pas de sa propre réalité de sujet (qui est toujours une certaine compétence) mais de sa responsabilité d’être sujet (qui n’en est pas une puisque c’est l’envers de l’autorité du vrai).
Exemples de la visibilité de la vérité, et donc de notre responsabilité d’être nous-mêmes
Pour figurer cette notion capitale, empruntons à Freud l’image d’un homme à qui un prince aurait serré la main. Une partie de son corps, par définition proche, serait néanmoins lointaine et même infiniment lointaine : elle serait princière – et il serait à la limite concevable qu’il en perde l’usage. Une main resterait commune, disons la gauche, mais l’autre aurait été sortie du monde et c’est alors d’une aura que témoignerait l’obligation d’en prendre un soin particulier, voire l’interdiction de la commettre aux trivialités de la vie : cette main ne serait visiblement pas la même que l’autre dont pourtant elle ne diffèrerait en rien. Or de quoi s’agit-il dans cette extraterritorialité de sa propre main pour l’individu considéré, sinon de sa constitution comme sujet par l’autorité de son prince ?
Plus familièrement pour nous imagine, lecteur ou lectrice, qu’au cours d’une randonnée en groupe le regard d’une personne merveilleuse et par ailleurs inaccessible (c’est par exemple le conjoint de quelqu’un d’important pour toi) ait croisé le tien. Rien ne se passe et même rien ne se dit, mais au détour du chemin elle se baisse et ramasse un caillou quelconque avant de te le tendre : « tenez, c’est pour vous ». Eh bien ce caillou, on peut concevoir que tu le conserves toute ta vie, voire que tu demandes à la fin de tes jours qu’il soit mis dans ton cercueil : tu l’auras toujours vu irradier d’une certaine évidence de le préserver qui soit, pour toi, le paradoxe de n’avoir pu désormais être toi que dans la fidélité au don qui t’aura été fait ce jour-là.
Je peux citer un exemple personnel. Pour me remercier d’une conférence (j’avais refusé d’être payé, considérant comme très suffisant l’honneur d’avoir été invité) on m’a un jour offert un manuscrit de Sartre que les organisateurs se sont procuré dans une officine spécialisée, une lettre de 1947 pour être exact, avec l’enveloppe rédigée de sa main. Pour moi dont la vocation philosophique est venue en lisant l’Être et le Néant, ce papier n’appartient pas au monde, bien qu’il soit désormais rangé dans ma bibliothèque : parce qu’entre tous mes papiers il est visiblement « le vrai », c’est-à-dire qu’il est manifestement l’autorité dont ma responsabilité de vivre comme je vis depuis cette lecture est l’envers. Son statut est une étrangeté active : il est en lui-même extra-terrestre et comme radioactif, à telle enseigne que je me surprends à être étonné qu’un visiteur entrant dans mon cabinet de travail n’en ressente pas le rayonnement.
Ainsi peut-il en être des reliques pour les chrétiens : quelque chose venant de leur origine, si l’on admet que la sainteté est pour le croyant l’a priori d’une vie qui, par là même, sera une vie d’humanité chrétienne. On sait les batailles qu’à suscitées la possession d’un morceau de la « vraie » croix. D’ailleurs qu’est-ce que l’auréole des saints, et même la mandorle du Christ, dans l’iconographie traditionnelle, sinon la visibilité même de l’autorité dont le chrétien autorise sa vie, et par là même la constitue comme vraiment sienne ?
Ainsi en est-il aussi d’une vedette de cinéma ou d’un chef d’Etat qu’on croise dans la rue : une personne comme les autres (en fait on n’y croit pas : l’Olympe n’est pas le séjour des mortels), sauf que notre regard est irrésistiblement aimanté vers elle et qu’on est comme ébloui par son aura, qui ne consiste pourtant en rien. L’extraterritorialité et l’autorité sautent aux yeux. C’est qu’en elles il s’agit de notre origine, à nous autres qui sommes les éléments individuels d’une « société du spectacle » ou d’une société politique, dans laquelle il est donc impossible que la célébrité ne soit pas l’autorité et donc la vérité : dans la société où les médias sont non seulement ce qui importe mais ce qui compte, il y a les « vrais », et par ailleurs il y a nous autres, le public, qui avons précisément pour affaire d’être des éléments de cette société.
Et puis bien sûr, il y a l’aura de ceux qu’on aime, instantanément identifiables parmi les semblables par leur autorité d’être eux-mêmes, et par là d’autoriser leur propre réalité – désormais « vraie » quand tout du monde n’est jamais que réel. Le comble en est éprouvé quand on est amoureux, dans le premier moment de la séduction (il peut durer toute la vie…) : non seulement l’autre irradie incompréhensiblement, mais on anticipe un simple effleurement comme une brûlure, une incandescence. Qu’on lui touche le bras (on fera semblant que ce soit par inadvertance) et notre main elle-même en devient sacrée, comme dans l’exemple princier évoqué plus haut. C’est qu’en l’autre nous reconnaissons, en quelque sorte matérialisée dans sa spiritualité de tout son être, ce qui est pour nous la vérité de vivre.
Énonçons cela en une formule : on a toujours raison d’aimer.
Or si l’on a toujours raison d’aimer, c’est bien que ceux qu’on aime, par opposition à tous les autres, sont les vrais. Accepter la formule, c’est accepter l’idée. D’ailleurs tout le monde l’accepte : qui nierait qu’en aimant, on soit dans la vérité ? Qui nierait que ceux que nous aimons nous font sans le savoir la grâce d’exister et que l’amour en ce sens est une gratitude. Or la gratitude, tout le monde sait que c’est un certain rapport à l’autorité du don. Elle nous est familière, puisque si nous sommes humains (dépositaires de la vérité), ce n’est pas parce que le langage nous a été anonymement transmis mais au contraire parce que la parole nous a été personnellement donnée. Le don qui nous a été fait de la parole est le don qui a été fait à nous-même de nous-mêmes : donner la parole, c’est donner d’être sujet c’est-à-dire d’avoir raison d’être sujet. Ceux que nous aimons le réitèrent pour nous.
Conclusion
Il est impossible que la vérité soit abstraite parce qu’elle n’est pas simplement ce qu’il en est (cela, c’est le vrai) mais qu’il en soit comme il en est – l’emploi du subjonctif marquant l’implication personnelle. Une vérité qui n’implique personne n’en est pas une, et inversement c’est d’être mis par lui au pied de son propre mur, c’est-à-dire devant sa responsabilité d’être sujet (et pas seulement sa responsabilité de sujet), qu’on reconnaît le vrai. En quoi on témoigne de ce que son autorité nous ait frappés et par là sensibilisés à la responsabilité qu’on en a depuis qu’on parle. Car la vérité n’est pas plus un état des choses qu’elle n’est un savoir de ces choses, bien que ce soit à propos des choses qu’il y ait du vrai et qu’il soit ce qu’on sait d’elles : elle est à chaque fois qu’on en fasse son affaire (c’est le sens du subjonctif employé). Or l’affaire originelle de chacun n’est pas l’état des choses ni le savoir : c’est d’avoir (pour le moment encore) raison et non pas tort de vivre, puisque c’est dans la vie qu’il y a ce qu’il en est des choses.
NOTES
[1] Elle a été proposée par Walter Benjamin en 1936 dans son ouvrage L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique pour caractériser l’œuvre d’art originale par rapport aux copies qu’on peut en faire. Hélas, au lieu de construire méthodiquement un concept, Benjamin se contente de mentionner des significations qui semblent le conditionner (présence, singularité, éloignement, situation, historicité, authenticité, traditionnalité, religiosité, distance…). Il ne peut donc donner de l’aura qu’une définition descriptive, par ailleurs tellement sibylline et obscure qu’elle ne sert à rien : « l’unique apparition d’un lointain, quelle que soit sa proximité ».
[2] Dans La montagne magique de Thomas Mann, il y a un personnage dont la présence est impériale et qui subjugue tout le monde, Mynherr Peperhorn, alors que sa pensée est un galimatias et qu’il est incapable de terminer la moindre phrase. Par ailleurs les témoins sont unanimes à propos du charisme de Hitler. Et cela, tout le monde le voit : l’autorité saute aux yeux.
[3] Le mauvais goût n’a rien d’une ignorance – tout au contraire : dans son Saint Genet comédien et martyr, Sartre note qu’il est « infaillible » – parce que c’est la position d’être un irresponsable relativement à l’apparaître des choses.