Ultimes vérités sur le mal
En préparation de la dernière conférence de cette année, je voudrais donner les réponses qui s’imposent quand on prend au sérieux la question du mal, c’est-à-dire quand on refuse de le nier à la manière de Spinoza (rien n’est que sa propre nécessité) ou de le réduire à la manière de Rousseau (la méchanceté est la dénaturation sociale de l’homme) – en plus, évidemment, de refuser la traditionnelle esquive qui consiste à en faire un « mystère ».
On trouvera ci-dessous l’énoncé des vérités dont notre travail de cette année aura été l’établissement. Certaines ont déjà été exposées à l’oral et à l’écrit, et je mettrai en ligne le plus rapidement possible l’exposition écrite des autres.
– La nature du mal est l’autorité.
– La réalité du mal est donc, à propos de ce qui est ou de ce qui vit, la récusation (et donc encore la reconnaissance) de l’autorité d’être soi.
– Contrairement au bien, le mal n’a pas de sujet : comme la vérité, il a un auteur.
– Le mal n’est pas autre chose que la vérité, à ceci près qu’il l’est dans son réel.
– L’auteur du mal (qui n’est jamais un sujet), comme pure autorité, a tous les traits de la mort. C’est à entendre au sens où celle-ci, qui n’est pourtant qu’une idée (comme par exemples l’État ou la beauté), n’en fait pas moins réellement autorité (comme par exemples l’État ou la beauté).
De sorte qu’on arrive aux deux définitions ultimes du mal, dont il sera facile de montrer qu’elles sont l’envers l’une de l’autre :
« Le mal est le réel de la vérité. »
« Le mal est l’autorité de la mort. »